Les lumières de Broadway - Partie 2 by Marie-Bernadette Dupuy

Les lumières de Broadway - Partie 2 by Marie-Bernadette Dupuy

Auteur:Marie-Bernadette Dupuy [Dupuy, Marie-Bernadette]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Saga familiale
Éditeur: Calmann-Lévy
Publié: 2019-06-15T00:00:00+00:00


1. Véridique. Il s’agit de la rubéole, encore mal définie à la fin du XIXe siècle.

17

La ronde des cauchemars

Dakota Building, vendredi 19 mai 1905, même jour

La lumière dorée du soir envahissait l’appartement des Woolworth lorsque Élisabeth y pénétra, infiniment lasse et le cœur lourd. Maybel se précipita dans le hall, où la jeune femme déposait son ombrelle et son aumônière en tapisserie.

— Bonsoir, mummy ! Est-ce qu’Antonin va bien ?

— Il dort comme un ange, après avoir bu du lait chaud. S’il n’était pas un peu fatigué et s’il n’avait pas la peau couverte de vilaines rougeurs, on le croirait guéri.

— Tant mieux, je vais prendre un bain, nous avons beaucoup marché, Justin et moi.

— D’abord, j’aimerais te parler, Lisbeth, lui dit Maybel.

— Bien sûr, mummy. Mais tu as l’air d’être vraiment contrariée, est-ce grave ?

— Je n’en sais rien encore, chérie.

Élisabeth fut surprise par cette réponse énigmatique. Une fois dans sa chambre, elle ôta ses escarpins et défit son chignon, sous le regard inquisiteur de Maybel.

— Lisbeth, cet après-midi, au chevet d’Antonin, j’ai relu les lettres que tu nous envoyais depuis la France, commença-t-elle. Je ne les avais pas sorties de leur tiroir ces dernières années, car tu étais là, près de nous. Je gardais un vague souvenir de certains passages de ta correspondance qui m’avaient troublée à l’époque, et c’était à propos de Justin.

Maybel nota le sursaut nerveux d’Élisabeth au seul énoncé de ce prénom. Elle poursuivit d’un ton plus bas :

— J’avais eu l’impression que tu éprouvais des sentiments pour ce jeune homme, employé comme palefrenier au château.

— Des sentiments ? Tu exagères, mummy, nous étions très amis. Oui, nous étions proches, complices. Tu sais pourquoi, je vous ai raconté, à daddy et toi, l’enfance affreuse qu’il a vécue, enfermé dans le grenier. Tu sais aussi qu’il m’a consolée, le soir où j’avais si peur, dans la nursery. Et le lendemain de la naissance d’Antonin, je t’ai montré le petit soldat de plomb que Justin m’avait donné, qui m’a longtemps servi de talisman.

— En effet, je m’en souviens, Lisbeth, concéda Maybel. Je t’avais demandé pourquoi tu avais tenu cette figurine dans ta main gauche pendant tout l’accouchement.

— Je te l’ai expliqué, pour moi ce petit jouet me protégeait, car Justin me l’avait offert en guise de porte-bonheur. Alors, en le revoyant devenu adulte, je ne le considérais pas comme un inconnu. La sympathie spontanée que nous ressentions l’un pour l’autre ne m’a plus étonnée, quand j’ai su nos liens de parenté.

Sur ces mots, Élisabeth s’assit au bord de son lit et fit rouler ses bas jusqu’à ses chevilles. Elle ferma les yeux quelques secondes, revivant l’instant merveilleux où Justin avait niché son visage entre ses cuisses.

— Lisbeth, pardonne-moi d’insister, mais vous avez presque le même âge, ce jeune homme et toi. Il est très séduisant et, dans ta situation, j’aurais du mal à le considérer comme un oncle. Chérie, je ne l’ai pas fait exprès, mais je guettais ton retour de la fenêtre du salon. Je vous ai vus. Du troisième étage, j’étais quasiment aux premières loges, si l’on peut dire.



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